" Dessiner est une manière de penser " pour reprendre une remarque d’ Erik Dietman .
 
Le dessin est aussi pour moi le médium qui me permet de donner libre court à la pensée et de la restituer de façon la plus rapide et la plus directe qui soit. Il a son propre langage comme la peinture ou la photographie qu’il me plait d’exploiter dans toute sa spécificité.
 
Dans ma pratique je suis assez adepte du "all-over" , le recouvrement de la surface où le tracé semble et  désire se prolonger au delà des bords. Interférences, superpositions, transparences participent à ce parcours non fléché que j’anticipe. Un univers plutôt suggestif, approximatif qui induit pour le regard une difficulté à se poser car un dessin en appelle un autre de manière à multiplier les hypothèses de lecture et à inviter à une pluralité d’interprétations.
 
Ma dernière série sur papier présente une variante où je m’autorise quelques incursions dans ce processus pour en extraire quelques éléments. Un processus en 2 temps, une 1ère phase d’écriture semi-automatique tout en gardant une prédominance pour la figure puis une 2ème phase de conscience réflexive propre à libérer une pensée d’ordre « poétique ».
 
Le sujet m’importe peu mais il se doit d’être pertinent et de réveiller les imaginaires.
 
Traquer le trait, le provoquer, le triturer, faire surgir le non-dit, l’image improbable, grave, légère voire cocasse me motive. Il y a d’ailleurs une phrase de Dubuffet qui tenait la cocasserie en haute estime et que j’aime bien " l’art doit toujours un peu faire rire et un peu faire peur".